Cette année, la candidature de la classe de terminale, enseignement facultatif cinéma, pour participer en tant que jury au César des lycéens 2021 a été retenue.
Le jury de ce César créé en 2019 est composé de 1500 élèves de terminale, en lycée général et lycée technologique de toute la France.
Le processus est le même que pour les jurys professionnels de l’académie des Césars : visionnage des films et vote sur une plateforme dédiée et sécurisée. Les films nommés pour ce prix sont les mêmes que les nommés pour le César du meilleur film, issu d’un premier vote des professionnels du cinéma.
Ce processus s’enrichit d’un accompagnement pédagogique, les objectifs étant de faire participer les élèves à un événement culturel majeur en leur permettant d’affirmer un choix réfléchi, de leur permettre de se familiariser davantage avec la création cinématographique contemporaine française, de développer leur esprit critique et leur jugement et de partager leur sensibilité cinématographique avec le public.
Les 23 élèves de terminale ont pris connaissance des films nommés le 13 février : Adieu les cons, d’Albert Dupontel, Adolescentes de Sébastien Lifchitz, Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret et Été 85 de François Ozon.
Dans le contexte actuel, les films ne pouvant être vus au cinéma, une journée de projection à partir de la plateforme numérique des Césars a été organisée au lycée le 18 février durant laquelle la classe a vu quatre des films.
Une journée riche en émotions, en échanges et en discussions enflammées malgré des conditions techniques de projection bien loin de la salle de cinéma. Des outils d’analyse et de prises de notes durant les projection ont été proposées afin d’enrichir l’argumentation.
Le cinquième film, Été 85, a été projeté au retour des vacances, et le vote définitif a eu lieu dans la matinée du vendredi 12 mars.
La moitié des voix est allée au film de François Ozon qui a enthousiasmé le groupe. L’autre moitié s’est partagée entre Adieu les cons et Adolescentes. Ce dernier a été une révélation pour plusieurs élèves. Si Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait n’a eu aucune voix, il a néanmoins suscité un débat houleux et très intéressant sur la construction du spectateur.
Cette expérience a permis aux élèves de prendre conscience de la richesse et de la qualité de la création cinématographique française et de l’importance de voir du cinéma au cinéma.
Les élèves ont suivi la Cérémonie le soir même, engendrant de nouvelles discussions, notamment autour de la déception de ne voir aucun prix récompenser Été 85.
Le travail autour de cette expérience s’accompagne de la rédaction de critiques et de la création de vignettes vidéos à la forme libre.
Le César des Lycéens a été remporté par Adieu les cons. Les élèves assisteront à la cérémonie de remise du prix à Albert Dupontel le mercredi 31 mars, à distance, contexte oblige. Ils pourront échanger avec lui dans la limite de ce support à distance.
A voir : une 1e vignette vidéo, réalisée par Louise et Elina pendant les vacances (Été 85 n’avait pas encore été projeté) :
A lire : une sélection de critiques écrites par les élèves

Été 85
L’histoire d’ Été 85, écrit et réalisé par François Ozon, est basée sur la relation entre David et Alexis qui se révèle être plus que de l’amitié, et nous raconte la tragique histoire de ces deux garçons, leurs problèmes, leurs peines et leurs joies, leurs promesses….
J’ai eu l’impression d’être projeté dans l’histoire du début à la fin comme si j’étais un personnage du film. J’ai ressenti le jeu de séduction de David, j’ai ressenti la peine durant les évènements tragiques, le jeu des acteurs m’a beaucoup aidé à m’immiscer dans l’univers du film mais le décor 80, l’été, la plage m’ont aussi permis de voyager.
L’histoire ne s’arrête pas à une relation entre deux adolescents en 1985, c’est une relation amicale qui dérive vers un amour profond, un amour de jeunesse , à un moment où nous sommes en pleine découverte de choses nouvelles, le vrai amour , les relation sexuelles, les premières tristesses, les chagrins. L’adolescence c’est, en un mot, de la découverte, de l’exploration dans notre esprit et nos relations avec autrui, et François Ozon nous le montre bien dans ce film en mettant en scène la liberté d’une jeunesse en pleine découverte de quelque chose de nouveau. Le réalisateur réussit à faire de cette histoire un film où nous, jeunes, nous pouvons nous projeter, nous identifier, nous voir. Pour ma part, certaines séquences m’ont rappelé ma relation avec mon premier amour.
Plusieurs scènes m’ont marqué. D’abord les scènes de moto où le réalisateur transcrit une liberté infinie comme un métaphore : on avance où le vent nous même sans jamais regarder derrière, avec aussi l’explication de David sur le fait de vouloir rattraper la vitesse pour être dans une bulle temporelle. J’ai beaucoup aimé car j’ai ressenti de nombreuses fois ce sentiment et le fait qu’on me l’explique d’une façon différente m’a ouvert de nouvelles portes pour la compréhension du film. La deuxième scène qui m’a marqué est la séquence dans le cimetière où, au lieu de danser, Alex devient fou de rage et chagrin et frappe sur la tombe. Cette scène m’a rappelé des évènements de ma vie où je me suis senti abandonné par amour ou autre ; cela m’a fait ressentir de l’empathie pour Alexis, de la compréhension pour cette tristesse mélangée à de la colère et pour l’émotion que l’acteur a réussi à me donner. J’ai eu comme une boule au ventre, comme si j’avais vécu la scène une deuxième fois.
Ce film a réussi, pour moi en tout cas, à me projeter dans cet univers en tant qu’adolescent avec les mêmes problèmes, les mêmes vécus. J’ai vraiment beaucoup apprécié pour les éclats de bonheur puis de malheur à travers le deuil de son premier amour et la recherche d’un autre amour.
Mattéo Delsart

Une histoire de la jeunesse simplement belle et juste.
Le documentaire de Sébastien Lifshitz, Adolescentes raconte la vie d’Emma et Anaïs, deux meilleures amies, qui entrent en quatrième jusqu’à leur 18 ans.
Tout au long de ce documentaire, on observe la maturité progressive de ces futurs adultes par rapport aux relations familiales, ainsi qu’aux enjeux nationaux et locaux. Les attentats de Charlie Hebdo ou les élections présidentielles de 2017, mais aussi leur relation amoureuse, amicale et familiale… Tout est projeté devant la caméra.
Sébastien Lifshitz essaie toujours de trouver la meilleure position pour la caméra, on pourrait croire que tout est prévu telle une fiction. De nombreuses scènes ont été tournées dans chacun des domiciles. On constate que les moments entre Emma et Anaïs sont relativement rares. Il y avait sûrement la crainte qu’Emma et Anaïs profitent de la situation pour jouer à l’actrice devant la caméra.
J’ai trouvé la première partie un peu ennuyeuse. Ce qui suscite vraiment mon intérêt pour ce documentaire, c’est la deuxième partie, quand on commence vraiment à rentrer dans le vif du sujet avec des discours d’adolescents et des questionnements sur la vie future.
Par exemple, la scène où Emma et sa mère font face aux choix et aux décisions prises sur la plate-forme Parcoursup est très intéressante et très significative. La mère ressent de la déception face au désir de sa fille de poursuive une formation professionnelle en cinéma.
Il n’y a pas vraiment de tabous : elles parlent garçons, sexe, cellulite et vergetures. Des sujets de discussions typiques d’adolescents.
Les deux mères sont totalement opposées: celle d’Emma attache une grande importance à l’éducation de sa fille et suit ses études de très près tandis que la mère d’Anaïs est très déprimée, souvent hospitalisée. C’est d’ailleurs Anaïs qui se charge régulièrement du petit dernier, Timéo. Il est à noter que dans les deux familles, la relation père / fille, est presque inexistante, est beaucoup moins fréquente que la relation mère / fille.
Très surprise, j’ai apprécié le regarder. Je m’attendais à quelque chose de lourd et ennuyeux mais c’est une histoire parlante pour la jeunesse d’aujourd’hui qui sensibilise aussi les parents sur la vie de leurs enfants. Une vraie découverte, un coup de cœur !
Mélinda Demarle

Adieu l’apathie
Le jeudi 18 février, après le visionnage de deux films séléctionnés pour le prix César des Lycéens, nous sommes allés voir le dernier film d’Albert Dupontel. Influencé par tout le bien qu’on m’avait déjà exposé à son sujet, et ayant apprécié ses précédentes œuvres, je suis entré en salle déjà prêt à me régaler. Malgré la qualité sonore de la projection, j’ai été plongé dans l’ambiance du film.
Dès le début un rythme s’est installé, une énergie folle s’en dégageait. Suze Trappet (Virginie Efira), à l’âge de 43 ans, apprend qu’elle est gravement malade. Décidée, elle part à la recherche de son enfant qu’elle a dû abandonner après avoir accouché sous X à 15 ans. Elle fera la rencontre d’un informatitien talentueux dépressif (Albert Dupontel) et d’un archiviste enthousiaste aveugle (Nicolas Marié). Ce trio incongru nous entraîne dans leur quête aussi fantastique qu’improbable. Avec un humour dévastateur et un regard provocateur sur les maux de nos sociétés, le film fait preuve d’une très grande sensibilité faisant passer le spectateur du rire aux larmes avec une fluidité impressionnante. La tendresse immense qui se dégage des acteurs nous berce dans un lyrisme entre comédie et tragédie. Les personnages sont particulièrement attachants, divisés entre leurs motivations et les moyens utilisés, ils nous entrainent dans leur course folle avec une touche d’espoir dans toute cette obscurité. L’apparition d’autres acteurs (Grégoire Ludig, David Marsais, Kyan Khojandi) dans de petits rôles ne sont pas en reste et amènent le rire là où on ne l’attend pas forcément. Le spectateur suit avec attention tout leur parcours sans se poser la question de ce qu’il va arriver par la suite, toujours pris par le moment présent, mais je peux vous garantir que l’auteur a concocté une fin surprenante, aussi abrupte que bouleversante.
Pour conclure, je vous recommande de voir ce film, son rythme, sa narration originale, ses couleurs à travers tous ces décors et ces éléments insolites, ses personnages touchants, l’absurde et sa mise en scène fantastique. Il vous fera ressentir une gamme d’émotions entre le rire et la peine.
Louis Lemaire

La construction d’un Homme
Comment passe-t-on de l’état d’enfant à celui de jeune adulte ? Quelles étapes de la vie s’imposent à l’Homme, forgeant l’individu qu’il deviendra ? L’homme enfant est-il le même que l’homme adulte ? Ce sont à ces problématiques que répond le film documentaire Adolescente de Sébastien Lifshitz, pour lequel le réalisateur a suivi durant cinq an, jusqu’à leur majorité, deux adolescentes inséparables, Emma et Anaïs. Le spectateur assiste aux aléas de leurs vies communes et individuelles qui les mènent de l’adolescence à l’âge adulte, ainsi qu’au lien qu’elles ont entre elles, bien qu’elles soient très différentes l’une de l’autre.
Le point initial d’unification des deux jeunes filles est avant tout l’école, sans laquelle elles ne se seraient sans doute jamais rencontrées à cause de leurs différences sociales. C’est d’ailleurs ici que débute le film, en classe de quatrième. On y découvre deux meilleures amies qui partagent tout. Seulement, en fin de troisième, chacune prend une orientation scolaire différente. Elles commencent à évoluer seules, sans pour autant s’oublier. A la fin du film, elles se retrouvent dans un lieu répété à plusieurs reprises dans le film, le lac, symbole de ce lien, où elles font le point sur leurs évolutions, sur ce qu’elles étaient, ce qu’elles sont maintenant et ce qu’elles deviendront sans doute. J’ai trouvé ce moment de retour aux sources très beau : malgré les changements survenus, elles n’oublient pas d’où elles viennent. En outre, le réalisateur a su trouver des compromis pour parvenir à filmer les importants moments de la vie des jeunes filles sans pour autant nuire à leur intimité et à leur sincérité face à la caméra. La mise en scène par le choix des cadrages et par le montage rapproche ce film documentaire d’un film de fiction. Le spectateur se sent alors très concerné par leurs histoires. Et comme Anaïs et Emma, nous avons tous vécu des situations semblables à celles montrées comme les résultats des examens, les disputes avec nos parents, le premier amour ou encore le casse-tête qu’est Parcoursup. Nous sommes donc tous touchés par les deux protagonistes, qui sont finalement la représentation générale des adolescents français du XXIème siècle, se cherchant pour se construire au milieu de masse d’autres adolescents à qui ils essaient de ressembler, alors que leurs modèles eux-mêmes sont en pleine recherche de ce qu’ils sont. De plus, le film étant un récit chronologique, nous revivions en même temps certains événements importants passés tels que l’élection d’Emmanuel Macron ou les différents attentats, ce qui nous rend encore un peu plus concernés et empathiques.
Adolescente est un film que j’ai vraiment beaucoup aimé par son réalisme mais aussi en raison de la sincérité des protagonistes. Leurs réactions, grâce à la dimension documentaire du film, étaient authentiques, ce qui rendait les deux jeunes filles très attachantes, en particulier Anaïs dont le passé familial est assez compliqué. Je l’ai d’ailleurs trouvée très inspirante puisqu’elle a su s’en sortir malgré toutes les embûches qui se sont dressées sur son chemin. En seulement cinq ans, et en plus des événements de son passé, elle a traversé bien plus de choses que certains adolescents de son âge sans baisser les bras. Sa grande détermination m’a également beaucoup touchée et inspirée. De plus, ce film permet un questionnement philosophique sur le Moi si difficile d’accès, mais il aide aussi à prendre du recul face à la personne que nous sommes aujourd’hui. J’ai par la suite beaucoup réfléchi sur tout le chemin que j’avais pu parcourir comme Anaïs et Emma à leur âge, au travers d’un voyage introspectif de mémoire et d’identification en elles.
Enfin, il s’agit d’un documentaire qui offre une vue d’ensemble de notre France contemporaine vue par les futurs citoyens de ce pays. Je recommande donc vivement le visionnage de ce film touchant.
Manon Da Rocha

Les Choses qu’ils ont dites, les choses qu’ils n’ont pas faites
Jeudi,10h45, sortant d’un documentaire entraînant, nous avancions à demi pas vers celui qui ouvrait le bal des fictions de cette nouvelle édition du César des lycéens. Chanceux que nous sommes, ce film n’était que le 2ème sur les 5 au total que nous devions voir.
Beaucoup partaient déjà avec une somme d’a priori conséquents sur ces films et plus particulièrement sur notre sujet. Personnellement, n’ayant point vu sa bande annonce contrairement aux autres, je partais enthousiaste de la présence de deux acteurs qui retenaient mon attention : l’actrice et chanteuse Camélia Jordana (déjà récompensée dans le passé par un césar du meilleur espoir féminin pour son rôle dans Le Brio) et Niels Schneider , acteur présent sur le devant de la « scène française ». Au final, j’en suis ressorti divisé : divisé avec les autres spectateurs et divisé avec moi-même. Il m’a fallu prendre le temps de la réflexion pour peser le pour et le contre, mais encore maintenant je ne peux me positionner d’un côté ou de l’autre.
N’ayant jamais vu de film réalisé par Emmanuel Mouret, je n’étais sans attente particulière si ce n’est que de voir une réalisation de qualité étant donné qu’elle est nommée aux Césars. A vrai dire, pour tous les novices, comme moi, de l’univers de ce réalisateur, vous n’aurez pas à patienter longtemps avant de comprendre en quoi il est si particulier ! Nous retrouvons au début de ce film, Maxime (joué par Niels Schneider), qui se rend dans le sud de la France afin de rendre visite à son cousin François (joué par Vincent Macaigne). Il est absent et c’est Daphné, sa femme (jouée par Camélia Jordana) alors enceinte qui l’accueille. Le ton est déjà donné avec une multiplication des personnages et des liens entre eux qui ne va que s’amplifier au long du film.
À vrai dire, la première chose marquante est le lyrisme romantique des discours qui est la voûte même de cette œuvre et peut faire office de mur à l’entrée du spectateur dans l’histoire. Dans mon cas, j’ai réussi durant quelques moments à la dépasser mais elle finissait toujours par me rattraper. Cependant ce lyrisme fait preuve de poésie et embellit en quelque sorte les propos déclamés et se marie parfaitement avec l’ambiance parisienne voulue par une partie des lieux de l’histoire et les personnages. De même, la musique présente tout au long du film est elle-même romantique avec des pièces de pianos composées par Debussy ou encore Satie. Notons d’ailleurs une alternance entre piano et violons en fonction de la gravité du moment vécu, élément plutôt bien utilisé. On retiendra aussi le scénario sous forme de flash-backs qui restent les rares éléments qui rythment le film. En revanche, le manque de spontanéité du jeu d’acteur qui procure là un effet plutôt théâtral m’a gêné. Bien que cela soit voulu, c’est assez déroutant si l’on ne rentre pas dans l’univers du film.
Pour conclure, j’aimerais recommander ce film, car malgré des longueurs, si l’on rentre totalement dans l’univers du film, le lyrisme, l’aspect théâtral et le flirt avec les clichés peuvent ancrer dans le spectateur dans une aventure cinématographique singulière. Le travail de l’image est agréable et nous transporte à la fois à Paris et en Provence, et le son, lui, nous romantise, ce film est loin d’être une simple pièce de théâtre adapté à l’écran !
Théo Charpentier



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